Réforme des retraites : Morales n’est pas Sarkozy
Ce mercredi, à Sucre comme dans les autres grandes villes de Bolivie, les manifestants contre la réforme du système de retraite se font entendre à coup de pétards. Le gouvernement socialiste d’Evo Morales, à contre-pied du gouvernement de droite de Nicolas Sarkozy, veut abaisser l’âge de départ à la retraite de 65 à 58 ans (56 dans le secteur minier), ne faisant visiblement pas que des heureux.
''Pour financer cette réforme, explique Pipo, banderole de récriminations à la main, le gouvernement Morales a réquisitionné les impôts sur le gaz et le pétrole qui avant étaient perçus par les régions. Si ma région s’appauvrit, je m’appauvris.'' Aurais-je à faire à une manifestation de nantis ? La redistribution des richesses n’est-elle pas la base d’une société plus juste, qui plus est dans un pays où un habitant sur cinq vit avec moins de deux dollars par jour ?
Grâce à Ephraïm, je commence à comprendre l’enjeu de cette nouvelle loi. ''La réforme doit aussi être financée par une hausse des cotisations de 3% pour la part patronale et 0,5% pour les salariés. Je suis patron d’une petite entreprise. Je m’en sors plutôt bien mais ce gouvernement de communistes veut me taxer pour que je fasse moins de profits !'' Et de poursuivre : ''Les fonds de pension vont être nationalisés. Nous ne voulons plus de nationalisation ! Nous croyons en la libéralisation du marché ! Et réduire l’âge de départ à la retraite, ce n’est pas utiliser le capital humain du pays.'' Je ne peux m’empêcher de penser qu’en Bolivie l’espérance de vie est d’à peine plus de 65 ans. Refuser cette loi, c’est se dire qu’on va travailler jusqu’au jour de sa mort…
En marge du cortège, je rencontre Mario qui regarde les manifestants d’un air triste. ''Evo fait passer l’humain avant l’économie et il a raison. Ceux qui ont le plus doivent mettre la main à la poche.'' L’homme poursuit : ''Et désormais, la rente sera calculée sur les 70% des 24 derniers mois de salaire, contre 60 aujourd’hui. C’est une nette avancée sociale.''
Alors que la France sort de plusieurs semaines de grèves contre le relèvement de l’âge de départ à la retraite, je m’interroge : qui de la droite française ou de la gauche bolivienne a raison ? Je ne sais pas vous, mais moi je crois connaitre la réponse…
NB : Vous auriez aimé voir les photos de la manifestation ? Hola ! Que Tal ? aussi. Mais elles ont été effacées une à une par un gros costaud membre de la Cob, la principale centrale ouvrière du pays avec qui le gouvernement discute actuellement de la réforme. Raison invoquée : Hola ! Que Tal ? pourrait faire partie du FBI (sans commentaire). Et face à un gros malabar d’1m80 et 110 bons kilos, Hola ! Que Tal ? a préféré ne pas résister…
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