L’Argentine s’est réveillée sous le choc ce mercredi matin. A Salta, dans le nord-ouest, comme partout dans le pays, ce qui devait être un jour férié pour cause de recensement s’est transformé en jour de deuil. Nestor Kirchner, qui gouverna le pays de 2003 à 2007 avant de laisser les rênes du pouvoir à sa femme Cristina, est décédé d'une crise cardiaque dans son fief d’El Calafate, en Patagonie.

Les rues de la ville sont désertes ce mercredi matin, seulement quadrillées par la police. Pas une échoppe d’ouverte. Certaines à cause du recensement alors que d’autres ont un petit écriteau “fermé pour cause de deuil”. Dans toutes les maisons, les chaines d’info en continu tournent en boucle sur la mort de Nestor Kirchner. D’abord dans le registre de l’émotion. Puis, au fil des heures, les médias se posent la question de la succession politique de l’ancien chef d’Etat. Car Nestor Kirchner, même s’il n’était plus au pouvoir, gardait un poids politique non négligeable. Pour les Argentins, nul doute qu’il comptait se présenter à la présidentielle de 2011 pour succéder à sa femme.

A 20 heures, le recensement a pris fin et la vie reprend ses droits à Salta. Alors qu’à Buenos Aires un rassemblement géant des partisans des Kirchner a lieu, seule une petite centaine de Salteños se sont réunis sur la Plaza 9 de Julio. Qui avec des drapeaux argentins, qui avec des banderoles au slogan de “Nestor presidente, Cristina fuerza”. Javier a 60 ans, dont 40 passés à militer pour le parti péroniste. La gorge serrée, il parle dans un sanglot : “Nestor nous a redonné foi en notre pays. Il a redressé l’économie [après la crise de 2001 ndlr], il a permis que les criminels de la dictature soient jugés… Aujourd’hui, nous vivons dans un pays moderne, le mariage gay est légalisé, nos enfants vont à l’école, la pauvreté a reculé… Tout cela, c’est grâce à Nestor et Cristina. Aujourd’hui est un triste jour. Oui, un triste jour.”

Dans les rues, quelques voitures arborent un fanion noir. Le drapeau argentin est en berne sur tous les édifices publics. Le gouvernement a décrété trois jours de deuil national.