Sous les cocos des San Blas, la coco des trafiquants
Eaux turquoises, plages de sable blanc et cocotiers : l’archipel des San Blas, le long de la côte caribéenne du Panama, a de quoi faire rêver. Les 356 îlots sont le territoire des Indiens Kunas, qui on su arracher au gouvernement du Panama une large autonomie, fait unique sur le continent latino-américain. Depuis les années 1920, les Kunas disposent donc de leur propre Congrès et leur vie est régie non par les lois panaméennes mais par leurs propres lois.
Mais sous l’image de carte postale se cache une autre réalité : une grande partie du trafic de cocaïne de la région transite par les San Blas. Difficile d’aborder le sujet avec les Kunas. Et pourtant si facile de trouver auprès d’eux un sachet de cocaïne pour moins de 5 dollars… "De la cocaïne ici ? Non ! On ne sait même pas ce que c’est !", affirme Danilo, un Kuna d’une quarantaine d’années au sourire ravageur. Et de continuer : "C’est une invention des autorités panaméennes pour nous nuire. Jamais un Kuna ne fermerait les yeux sur un trafic de drogue."
Et pourtant… Sur la terre ferme, à Miramar, la police panaméenne affirme, elle, le contraire. "Les îles des Kunas se trouvent sur la voie de transit pour la drogue colombienne qui est acheminée vers le marché américain. Les trafiquants utilisent des bateaux équipés de moteurs de 200 chevaux et guidés par un système de positionnement par satellite. Les bateaux peuvent transporter jusqu'à 2 tonnes de cocaïne, généralement dans des emballages étanches à l'eau de 40 livres, explique un officier sous couvert d’anonymat. Le trafic est en constante augmentation. En 2009, le Panama a saisi 40 tonnes de cocaïne. C’est 4,5 fois plus qu’en 2004."
Conséquence de cette hausse : la consommation de poudre blanche devient de plus en plus courante au sein de la communauté Kuna. "On ne peut pas le nier, la toxicomanie devient un problème, explique Tony, un médecin qui travaille dans un centre de santé des San Blas. Difficile à chiffrer, mais ce qui est sûr, c’est que désormais les toxicomanes font partie de mon quotidien." Aux San Blas, le paradis se ferait-il enfer ?
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