Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer
Salta la pauvre, Salta la délaissée et surtout Salta la pieuse... Dernier bastion indien d'Argentine, le nord-ouest n'a jamais vraiment été intégré au pays. Ici, l'Etat se fait oublié. Malgré ses flamboyants vestiges coloniaux, Salta ne peut cacher la misère qu'elle abrite, voire la famine qui règne dans certains quartiers depuis la crise.
A peine descendue du bus, je me rends à la Plaza 9 de Julio, cœur historique de la cité. La place est bordée par une cathédrale, véritable pièce montée rose. Une très baroque Vierge en larmes m'accueille. Les Saltenos font carrément la queue pour prier devant chaque autel, qui dédié à la Vierge, qui à un saint qui prit part à la vie de la cité. C'est l'heure de la messe. Le prêtre s'engage dans un prêche très virulent. Parle de la crise, de la pauvreté, des industries OGM qui minent la région. Un groupe de vieilles assises au premier rang approuvent chacune de ses paroles.
Je me sens gênée d'assister à un culte qui n'est pas le mien. Je m'assois dehors, sur les marches de la cathédrale. Et joue à un petit jeu : comptons combien de personnes se signent en passant devant l'édifice. La petite vieille avec ses béquilles ? Elle se signe. La jeune fille en uniforme de lycéenne ? Elle se signe. Ah non, quand même pas ce petit mec habillé des pieds à la tête en Nike ? Et si, il se signe. Les deux flics à cheval ? Ils se signent. Le monsieur avec son drôle de chapeau ? Il se signe. Le jeune homme en mobylette ? Dieu merci, celui-ci est trop occupé à embrayer pour faire le signe de croix... Résultat : une heure d'observation, 95% de signes de croix.
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